Le mois correspond au cycle lunaire. Il est défini par la rotation apparente de la Lune autour de la Terre, vue d'un point d'observation terrestre. En astronomie, cette période de rotation s'appelle synodique (du grec sunodos : rencontre). C'est la durée qui sépare deux phases identiques de la lune, vue de la Terre.

Parce que la Terre tourne elle-même, la période synodique est différente de la période sidérale (27.3 jours), qui est le temps de rotation absolue de la lune autour de la Terre. La période sidérale est le temps mis par la lune pour effectuer une rotation complète de 360 ° dans un référentiel spatial. Mais, puisque le mois découle de l'observation par des témoins des phases de la lune, c'est bien le synodique qui le définit, et la période sidérale de la lune n'a aucune signification dans le judaïsme.

C'est la nouvelle lune (molad מולד) qui indique le début d'un mois.
Orbite de la lune E : Terre
M : Lune
e : orbite de la Terre
m : orbite de la Lune

Mais la période synodique n'est pas égale à un nombre entier de jours. Elle vaut environ :

    Tsyn = 29 jours 12 heures 793 parts (29j 12h 793p)

Il est intéressant de noter que cette valeur se transmettait déjà dans la tradition orale [16], dix-huit siècles avant que la science moderne ne la mesure avec moins d'un centième de seconde d'écart.

La Torah enseigne que les mois se composent de jours pleins[51], et il n'est pas possible de changer de mois en cours de journée. Aussi, puisque la conjonction de la lune (le molad) survient à un instant quelconque de la journée, les mois sont tantôt allongés à 30 ou raccourcis à 29 jours.

Molad

Le molad (litt. naissance de la lune) désigne dans la tradition juive l'instant auquel la lune franchit sa position d'opposition.

Néanmoins cette définition théorique (molad amiti, le vrai molad) n'est pas utilisée telle quelle par la tadition juive.

A l'époque du Sanhedrin, les édim (témoins) faisaient la déposition qu'ils avaient vu la lune : ce molad correspondait au moment de première visibilité, en Israël, d'un très fin croissant de lune, après la conjonction. Bien sûr, les témoins ne pouvaient voir la nouvelle lune qu'après le coucher de soleil.
La durée réelle séparant un molad du suivant, un cycle lunaire plus tard, n'était donc nécessairement pas constante, mais elle n'avait pas de signification particulière dans la tradition.

Puis, la fixation du calendrier perpétuel a établi un molad moyen (molad emtsa'ï), correspondant à la période synodique approchée, c'est à dire la moyenne des durées entre deux conjonctions consécutives. C'est cette définition que le calendrier juif utilise pour les besoins du calcul, et la prend égale à 29 jours, 12 heures, 44 minutes, 3 secondes 1/3. Ainsi, depuis sa mise en place dans la tradition, le calcul du calendrier juif considère que deux nouvelles lunes consécutives sont séparées par cet intervalle de temps.

A la synagogue pendant la prière du samedi matin qui précède le Rosh Hhodesh, sauf pour le mois de Tishri (Rosh Hashana), certaines communautés à travers le monde ont pris l'habitude d'annoncer le jour et l'heure du molad. Cependant il ne s'agit là que d'une habitude traditionnelle, car le molad moyen n'est pas utilisé dans le calcul pour établir le jour du Rosh Hhodesh : le molad moyen n'est utilisé par le calcul que pour établir le jour de Rosh Hashana, et opérer les reports nécessaires.

Pour cette annonce, l'instant indiqué se réfère toujours à la ville de Jérusalem, quel que soit le lieu, et l'heure se rapporte à l'heure moyenne du crépuscule à Jérusalem, pris à 18h par la tradition juive (voir les règles de report). Il s'agit en fait de l'instant de la Création auquel on ajoute la multiplication du molad emtsa'ï Tsyn par le nombre de mois écoulés depuis.

Tmolad = Tsyn x Nmois + Ttohu

Il n'y a pas lieu de tenir compte de décalages horaires ou d'horloge d'hiver ou d'été, puisque le résultat annoncé à la synagogue n'est qu'un élément de tradition, qui n'a pas d'usage pour le calcul du mois, ni de rapport avec la réalité de l'instant de la conjonction lunaire.

Décalages

Il est intéressant de remarquer que la valeur moyenne de la période synodique utilisée dans le calcul du calendrier juif est légèrement supérieure à la valeur astronomique réelle actuelle de la mesure entre deux conjonctions consécutives de la lune. A l'époque de Rabbi Hillel, la mesure était bonne, mais à travers les siècles elle a évolué par l'influence[94] de la terre sur l'orbite de la lune. En conséquence le molad annoncé avant le Rosh Hhodesh en est d'autant moins lié à la réalité. De nos jours le molad traditionnel a en moyenne 2 heures de retard sur la conjonction réelle.