De nombreux passages de la Torah édictent des commandements à observer «le matin», ou «vers le soir»[56], ou «à la nuit»[57].
Mais ces préceptes du Pentateuque, qui contient tout de toute éternité, dans les mystères de sa formulation, ont nécessité l'examen approfoni des Maîtres du Talmud pour en extirper les règles précises et les rendre applicables.
C'est l'objet des deux premières mishnaïot du Traité de Berakhot.

Partant de la mitzva de réciter le Shema Israël le matin et le soir[58] et de tenir en main les franges bleues et blanches[59] du talit (châle de prière), les Sages, puis les Rishonim et les Ahharonim ont cherché à déterminer avec précision les délimitations des temps de la prière.

L'une des méthodes les plus répandues est celle, dite "des degrés" (ma'alot מעלות), qui interprète les discussions talmudiques par rapport à la luminosité ambiante. Les débats des Hakhamim sont considérés comme s'intéressant au voisinage de Jérusalem vers Pessa'h (équinoxe de printemps). Les niveaux de luminisité décrits dans le Talmud, correspondants aux différents zmanim, ont ensuite été traduits en position du soleil dans le ciel, car à angle égal avec l'horizon, en tout lieu et en toute date, la luminosité produite pour l'observateur est la même. Cette approche a été popularisée calculatoirement par l'ouvrage Or Méïr du Rav Méïr Posen. C'est celle qui est présentée ci-dessous.

D'autres méthodes rabbiniques sont également très répandues, et il est recommandé de vérifier auprès de votre rabbin celle qui convient le mieux pour votre lieu et votre communauté.

Voici ces différents jalons de la journée juive, qui s'articulent autour de la position du soleil :

Séder haKorbanot

Début des korbanot et parashat Akéda dans la prière du matin.
90 minutes saisonnières avant le lever du soleil.
Pour les travailleurs qui prient avant le lever du soleil, afin qu'ils puissent commencer Baroukh Shéamar après l'aube et qu'ils mettent talit et tefilin après Yishtabahh à l'heure indiquée.
(Sources[92] : Responsa Ye'avé Daat vol 2, p. 39, chap 8 ; Yalqout Yossef vol 1, p. 136, hal 2 ; Cheerit Yossef vol 1 p. 15 hal 25)

alot haShachar (aube) : la levée de l'obscurité

Il s'agit du début de la période de transition entre la nuit et le jour. Le soleil n'est pas visible, mais l'obscurité de la nuit commence à décroître progressivement.
Les jeûnes diurnes (donc tous sauf le 9 Av et Kippour, etc.) débutent à cet instant.
C'est également le début du temps pour la lecture du baroukh sheamar et de la amida du matin pour les travailleurs qui commencent tôt.
C'est la fin de la lecture du shema Israel de la nuit et de ses bénédiction, de la prière du soir en cas d'empêchement, de l'allumage des bougies de Hhanouka en cas d'empêchement. Selon le Rav Posen, l'aube correspond à une déclination du soleil à 16.1° sous l'horizon (Source : Ohr Meir, ch. 4, §1, p. 142, lettre 8).
Pour le Rav Ovadia, il s'agit de 72 minutes proportionnelles avant le lever du soleil (Sources[92] : Ye'ave Daat vol. 2 ch. 8 p. 38 ; Yalqout Yossef vol. 1 p. 136 hal. 1 ; vol. 3 p. 653 hal. 3 ; et vol. 5 p. 529 hal. 3 ; Cheerit Yossef vol. 2 p. 110 hal. 1 et p. 259 hal. 7).

début Téfilin

L'heure à laquelle il devient possible de poser les Tefilin et de réciter le Shema Israël.
Selon les Sages du Talmud[60], la luminosité est alors telle qu'on peut commencer à «distinguer le fil blanc du fil bleu» des tsitsit (frange du talit).
D'après l'avis du Rav Posen, il s'agit du moment où le soleil fait un angle de 11° sous l'horizon (Source[92] : Ohr Meir ch. 7 p. 307 lettre 2).
Selon Rav Ovadia : 6 minutes proportionnelles après l'aube (Sources : Halikhot Olam vol. א p. יט hal. ג (au nom du Peri Megadim) ; Halakha Broura vol. א p. שעט paragraphe יח, dans le shaar atsioun, renvoi כה ; et vol. ב p. קסה parag. ל, dans le biour א).

hanetz haHhama : la sortie du soleil

C'est la fin de la période de transition entre la nuit et le jour. A cet instant il fait décidément jour, le soleil devient visible.
Il se trouve à 5/6èmes de degré (0.8333) sous l'horizon (le haut du disque solaire devient visible, en raison de la déviation de ses rayons par l'atmosphère terrestre).
D'après les Sages du Talmud, il est considéré comme particulièrement méritoire de débuter la Amida du matin à cet instant.
Les heures proportionnelles sont calculées entre netz haHhama et la sheqiya.

heure limite pour la lecture du Shema

Il est impératif d'avoir terminé la lecture du Shema Israël et ses bénédictions lorsqu'arrive ce moment du jour.
Pour les Ashkenazim, il se situe trois heures proportionnelles après netz haHhama.
Pour les Séfaradim, l'heure limite est à trois heures proportionnelles après alot haShachar.

Cependant, en cas de force majeure (bedi'avad), on dispose jusqu'à la fin de la quatrième heure proportionnelle pour accomplir la mitzva.

heure limite pour la Téfila (prière de la Amida du matin)

Il est impératif d'avoir terminé la prière du matin (shahharit) lorsqu'arrive cet instant du jour.
Il se situe quatre heures proportionnelles après netz haHhama.
Toutefois en cas de force majeure (bedi'avad), on dispose jusqu'à la mi-journée (hhatsot) pour conclure la prière du matin.

hhatsot : la mi-journée

La mi-journée correspond à six heures proportionnelles après le lever du soleil, c'est à dire l'instant à équidistance entre le lever et le coucher du soleil.
En cas de force majeure (bedi'avad), on peut prier l'office du matin jusqu'à hhatsot.

minhha guedola

Il s'agit du début de la plage horaire pour la prière de l'après-midi (minhha), 30 minutes proportionnelles ou fixes après hhatsot (la plus longue durée des deux).

minhha ketana

Situé à 9 heures 1/2 proportionnelles après le nets.

plag haminhha

Il marque le début du dernier huitième du jour.

allumage des bougies

Il est d'usage d'allumer les bougies de Shabbat et Yom Tov 18 minutes fixes avant la sheqiya.
Néanmoins, à Jérusalem, on a l'habitude d'allumer 40 minutes avant la sheqiya.
(Source : Yalkout Yossef, Shabat א page קעא halakha מה. Le Rav Ovadia parle d'un calendrier du Rav Toksinski qui demande d'allumer 40 minutes avant la sheqiya, tout en précisant qu'il n y a pas de source halakhique mais que c'est devenu un minhag.)

Sheqiya : le coucher du soleil

Lorsque le soleil se couche, démarre la période intermédiaire entre le jour qui s'achève et la nuit qui marquera le commencement du lendemain.
Cette période d'incertitude, au même titre que celle du matin entre alot haShahhar et nets haHhama, est l'objet de nombreuses discussions talmudiques. Elle est appelée ben hashemashot.
Le coucher du soleil est pris symétriquement au nets : lorsque le soleil est à un angle de 5/6èmes de degré (0.8333) sous l'horizon (disparition des derniers rayons de soleil, en tenant compte de la réfraction atmosphérique).
Il marque la fin de la durée de présence du soleil (pour le calcul des heures proportionnelles).
C'est l'heure limite pour terminer la prière de l'après-midi (minhha).

tzeit hacokhavim : la tombée de la nuit

Littéralement : la sortie des étoiles. Cet instant caractérise la fin de l'incertitude sur le changement de date. La nuit est installée complètement, la lecture du Shema Israël du soir peut commencer, ainsi que le compte du Omer.
Les jeûnes prennent fin.
A cet instant, le soleil est à 7.08 ° sous l'horizon.

fin de Shabbat et Yom Tov

Quelques minutes après tzeit hacokhavim, arrive l'heure de fin du Shabbat et des jours de fête.
On a l'habitude de repérer cet instant par le discernement, par temps clair, de trois petites étoiles.
Le soleil est alors à 8.5 ° sous l'horizon.
Noter qu'à certaines latitudes (villes situées assez au nord ou au sud), et au cœur de l'été, l'écart entre tzeit hacokhavim et la fin de Shabbat peut être assez long (plus d'une heure), car la fin de course descendante du soleil au voisinage de l'horizon y est très lente.

Nuit d'après Rabénou Tam

Selon la méthode des degrés du Rav Posen : soleil à -16,1° sous l'horizon.
Selon le Rav Ovadia Yossef : 72 minutes proportionnelles après le coucher de soleil.

shaa zmanit : heure proportionnelle

Le laps de temps qui s'écoule entre netz haHhama et la Sheqiya représente la période éclairée par la lumière directe du jour.
Cette période est fractionnée en douze portions d'égale durée : les heures proportionnelles, elles-mêmes contenant soixante minutes d'égale durée.
Ainsi, en hiver, la durée du jour est plus courte, l'heure zmanit est plus courte que l'heure fixe de la montre.
A l'inverse en été, l'heure proportionnelle est plus longue que l'heure de la montre.
Les shaot zmaniot sont utilisées dans le calcul de certains instants rituels de la journée, comme expliqué ci-dessus.