Quatre lois déterminent les éventuels reports (déḥiot דחיות) de la date du 1er Tishri par rapport au molad.

Il faut tout d'abord connaître l'instant de la nouvelle lune de Tishri, exprimé a l'heure de Jérusalem. Ensuite, on doit s'assurer que cet instant satisfait les quatre règles ; si ce n'est pas le cas, on introduit les reports qui correspondent.

Les instants spécifiés dans les deḥiot sont à compter à partir de 18 h 00 (la veille au soir).

  • deḥia adu (אד"ו)(*)

    Pour le respect du Shabat, le Yom Kipour (10 Tishri) ne doit tomber ni un vendredi ni un dimanche. Par conséquent, le 1er Tishri, neuf jours plus tôt, ne doit être ni un mercredi, ni un vendredi.

    De plus, Hoshaana Rabba (21 Tishri) ne doit pas tomber un Shabat, et donc le 1er Tishri ne peut pas être un dimanche.

    Aussi, si le molad de Tishri survient un dimanche, un mercredi ou un vendredi, alors Rosh Hashana est reporté au lendemain.

    Les lettres ו,ד,א représentent les jours impossibles yom rishon, yom revii, yom shishi.

  • deḥia gatarad (גטר"ד)
    Si, pour une année simple, le molad survient un mardi à partir de l'instant 9h 204p (soit 03:11:20 du matin à Jérusalem), alors Rosh Hashana est reporté au jeudi.

    ג = 3 = mardi, ט = 9, ר"ד = 204.

    Cette règle assure que l'année simple ne fera pas plus de 355 jours.
  • deḥia betutkafat (בטותקפ"ט)
    Si le molad Tishri qui suit une année embolismique survient un lundi à partir de l'instant 15h 589p (soit 09:32:43 1/3 à Jérusalem), alors Rosh Hashana est reporté au mardi.

    ב = 2 = lundi,
    ט"ו = 15,
    תקפ"ט = 589

    Cette loi garantit que les années embolismiques ne font pas moins de 383 jours.
  • deḥia Molad Zaken[**] (מולד זקן)
    C'est la règle de la "lune tardive". Elle n'a de sens que si aucune des trois lois précédentes ne s'applique.

    Si le molad de Tishri survient à partir de l'instant 18h 0p (12 h 00 [midi] à Jérusalem), alors Rosh Hashana est reporté au prochain jour possible (en tenant compte de la règle adu).

    Cette contrainte garantit que, tout au long de l'année, les moladot ne surviendront pas après le crépuscule des jours où ils sont attendus (et donc qu'il n'y a pas de mois de 31 jours).


En fait, la longueur de l'année n'est déterminée que par le nombre de jours qui séparent un Rosh Hashana du suivant. Cet intervalle permet de déduire la longueur des mois de Heshvan et Kislev.
Pour approfondir
*Règle AD"U : jour de la semaine de Rosh Hashana
Le Bêth-Din au temps du Temple veillait à prolonger le mois de Eloul à 30 jours, si un mois de Eloul normal à 29 jours conduisait à faire survenir le Yom Kipour la veille ou le lendemain du Shabbat. Lorsque les bases du calendrier perpétuel furent établies, les Sages ont pris soin de systématiser cette précaution dans les règles de calcul (mais en jouant désormais sur Heshvan et Kislev).

Cet impératif de laisser au moins un jour ouvré entre Kipour et Shabbat, est expliqué dans Rosh HaShana 20a[70].
La Torah interdit d'enterrer les morts le jour du Shabbat et le Yom Kipour. En conséquence, si ces deux journées sont consécutives, et qu'une personne venait à quitter ce monde le premier jour, il faudrait attendre la fin des deux jours pour pouvoir enterrer le corps. Or, puisqu'il est très important, selon la Torah, de ne pas tarder à enterrer les morts, par respect pour le corps et son entourage, les Sages ont instauré cette exception sur le report du Rosh Hashana, qui conduit à faire survenir Yom Kipour un jour plus tard s'il était prévu qu'il tombe un vendredi ou un dimanche.

Dans ce passage de la Guemara, Oula parle du fait que le climat en Israel est beaucoup plus doux vers l'époque de Rosh Hashana (septembre), qu'à Babel (l'actuel Irak). Les corps à enterrer s'abîmaient donc plus rapidement à Babel.

Le troisième jour impossible pour Rosh Hashana, le dimanche, est une contrainte liée à la cérémonie de la Arava au cours de la prière de Hoshaana Rabba.
En effet, on apprend dans le Talmud[72] que cette cérémonie très importante, ne peut pas être menée un jour de Shabbat. Or si le 1er Tishri était un dimanche, Hoshaana Rabba, le 22 Tishri, serait un samedi. Le Beit Din prenait donc soin au préalable d'ajouter un jour à un mois court, pour repousser Rosh Hashana ; c'est également ce que met en œuvre le procédé calculatoire.

**Règle de report du Molad Zaken
Au temps où le Bet-Din sanctifiait le mois par l'observation de la lune, il ne se dispensait pas de calculer par avance l'instant auquel le molad devait avoir lieu, de façon à contrôler la déposition des témoins, et pouvoir ainsi prévenir les faux témoignages et les erreurs, comme par exemple la confusion d'un petit nuage avec la nouvelle lune (Rashi sur Rosh Hashana 20b[71]).

C'était la fonction de cette règle du Molad Zaken rapportée par Rabbi Zeira au nom de Aba, père de Rabbi Simlaï : si le calcul donnait le prochain molad un certain nombre de jours après le précédent, après midi, et qu'un témoin rapportait avoir vu la lune au soir de ce même jour, c'est qu'il avait obligatoirement tort car, selon les Sages, pendant les six premières heures après le molad, la lune est trop petite pour être visible.

Depuis l'instauration du calendrier calculé, les mois de l'année se succèdent automatiquement en alternant 29 et 30 jours, et il n'est plus d'usage de fixer chaque Rosh Ḥodesh individuellement. Seul celui de Tishri (Rosh HaShana), qui marque le début de l'année, est positionné en particulier et peut subir des reports (répercutés sur Ḥeshvan et Kislev). C'est pourquoi cette règle qui repousse le Rosh Hodesh au lendemain plutôt qu'au soir-même, si l'instant du molad est ultérieur à midi, a été conservée dans les deḥyiot.